Vivières - Cent pèlerins pour une sainte
La légende veut que Clovis épousât Clotilde en l'église de Vivières, c'est elle qui l'a convertie au catholicisme. Le roi franc espérait ainsi s'attirer les sympathies des peuples catholiques et que l'immense prestige dont jouissait Clotilde dans la chrétienté attirerait la bienveillance du clergé sur le couple royal.
Clotilde a vécu à la cour dans un milieu encore barbare, déjà corrompu par les douceurs toutes nouvelles de la civilisation gallo-romaine. Après la mort de Clovis, quittant la cour, elle se retira à Tours près du tombeau de saint Martin pour y vivre loin du monde dans la prière.
C'est là que la reine de France voit ses fils se déchirer, s'entre-tuer, assassiner leurs neveux ; et sa fille, Clotilde, succomber sous les persécutions que lui faisait subir Amalric, son mari arien.
Grégoire de Tours dit d'elle : « La reine Clotilde se comportait de manière à être honorée de tous. Ses aumônes étaient intarissables. Elle passait ses nuits dans les veilles ; elle fut toujours un modèle de chasteté et de vertu. » Elle mourut le 3 juin 545 et fut inhumée près de Clovis, dans le sanctuaire qu'ils avaient fait bâtir.
Les reliques de sainte Clotilde sont depuis, plus de mille ans, conservées dans l'église de Vivières. Depuis 1947, elles sont portées, l'avant dernier dimanche de juin, à l'occasion du pèlerinage organisé et animé spirituellement par la confrérie de Sainte-Clotilde.
Cette année, ils étaient une centaine à assister à une messe grégorienne, célébrée par l'abbé Gard et l'abbé Ribeton, supérieur de la fraternité chrétienne d'Auxerre (Supérieur de district de France de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre [ndlr]). Après un pique-nique en forêt, des vêpres chantées ont précédé la procession dans la vallée jusqu'à l'oratoire Sainte-Clotilde. • L'union l'Ardenais
Sous le regard de sainte Clotilde - Famille Chrétienne
Le 17 juin, les reliques de l'épouse de Clovis ont été portées en procession à Vivières, près de Soissons, lors d'un pèlerinage national.
Flottant au vent, les bannières à la gloire de sainte Clotilde (465-545) n'auront pas fait, cette année, le tour du village de Vivières (Aisne). Monsieur le maire n'en a pas donné l'autorisation. À cause des élections législatives qui se tenaient ce jour-là, ou parce qu'un site Internet a annoncé la procession avant que la demande n'en ait été faite. Mais a-t-on besoin d'un agrément pour une tradition qui remonte à 1947?
Le dimanche 17 juin, la concurrence était rude avec le scrutin législatif, la Fête des pères et les professions de foi. Mais une petite centaine de personnes venues de Picardie, mais aussi d'Île de-France et de Bourgogne, ont assisté à la messe dans l'église paroissiale, à l'orée de la forêt de Villers-Cotterêts. La fête locale de sainte Clotilde est célébrée ici le 3 juin depuis des siècles. La fête recommence l'avant-dernier dimanche du mois, animée par la Confrérie Sainte-Clotilde (née en 1959), mêlant tradis, curieux et villageois. Parmi les premiers, un couple qui ne rate pas ce rendez-vous depuis seize ans: après leur premier pèlerinage, ils ont enfin eu le bonheur de donner naissance à une petite fille prénommée... Clotilde !
Trait d'union entre terre et Ciel, la sainte reine est invoquée pour protéger la terre de France et vénérée comme patronne de l'aviation légère de l'armée de l'air, qui l'évoque dans une prière:
« Comme naguère vous avez inspiré à Clovis de se tourner vers le Ciel pour implorer la grâce divine, obtenez-nous du Seigneur les fruits de l'Esprit».
Sainte Clotilde, une figure tradi et royaliste? Même si l'ensemble des participants correspond peu ou prou à ce cliché, les pèlerins, dont des familles avec de très jeunes enfants, sont surtout venus pour assister à une belle messe et demander l'intercession de la sainte « pour un retour de la France à la foi de ses ancêtres», explique Pierre Maire, responsable de la confrérie. Finis, les temps difficiles, comme il y a dix ou quinze ans, quand la messe dite de saint Pie V devait être célébrée dans la forêt. Le travail de retour à l'unité réalisé par Jean-Paul II et Benoît XVI a porté ses fruits.
Comme Clovis, ouvrons nos yeux à la foi
Après la messe, les participants ont gagné les frondaisons de la forêt pour y pique-niquer. Une halte suivie des vêpres. Puis, la châsse et les bannières sont parties en procession, au rythme des cantiques et de la litanie des saints, pour l'oratoire et sa source miraculeuse. Le beau soleil de juin se reflétait sur la châsse contenant des reliques de la sainte, souvenirs de leur passage à Vivières lors des invasions normandes. Près de l'oratoire, la source laisse découvrir une eau dont la surface est striée de très fines herbes, appelées « cheveux de la sainte » par les habitants de la région. Certains pèlerins ont bu et mis en bouteille cette eau miraculeuse, car la tradition veut que la sainte intercède pour guérir les problèmes de vue : celle qui fit baptiser Clovis par saint Remi n'a-t-elle pas permis à son royal époux d'ouvrir les yeux à la foi?
De retour à l'église, la procession et la journée se sont terminées avec une bénédiction du Saint Sacrement. «Il est important de conserver des liens avec les saints qui ont fait la France, affirme l'abbé Guilhem Le Coq, prêtre de la Fraternité Saint-Pierre. Ils nous aident à trouver notre place aujourd'hui, avec un esprit attentif à la Providence.» • C. Lepeigneux
www.famillechretienne.fr - Famille Chrétienne n° 1797 du 23 au 29 juin 2012